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Dehors, le gel avait engourdi toute chose, seul le vent semblait libre de ses mouvements. La neige s’était amoncelée en abondance dans les prairies et chaque rocher était à présent coiffé de son petit couvre-chef blanc. Par une nuit si froide, même les stoïques Dvergars se réjouissaient de l’épaisseur de leurs murs et de la chaleur des braseros.

Jetant un coup d’oeil par la lucarne de son habitation de terre, l’enfant Dvergar abandonna ses jouets l’espace d’un instant, absorbé par le ballet des ombres qui dansaient parmi les rochers. La brise glaciale caressa son nez, tiré de sa rêverie l’enfant renifla.

“Reviens près du feu mon garçon. La chaleur est douce à nos os de pierre.” La blancheur du visage du vieillard chenu qui surveillait le garçon depuis un fauteuil démesuré faisait écho à celle du givre au dehors, et pourtant son corps rocheux était plus sombre que jamais.

Le jeune Dvergr s’exécuta, descendant de son observatoire et traînant les pieds sur le dallage de terre qui entourait l’âtre rougeoyant. ”Grand-père, pourquoi les pierres dehors ont-elles cette forme ? Elles ressemblent à celles qu’ont ces bateaux que les guerriers utilisent pour aller se battre.”

Son aïeul, ou afi, prit un air perplexe et s’enfonça dans son imposant fauteuil, portant son mug de pierre à la bouche, il sirotât lentement. De la vapeur s’éleva en volutes le long de ses joues. “La saga des vaisseaux de pierre est une longue histoire, mon enfant. Es-tu certain d’être capable de rester assis silencieusement jusqu’à ce que j’ai fini de la raconter ?”

Le jeune Dvergr se tenait assis près du feu, les yeux pétillants de curiosité. “Oui, grand-père.”

“Très bien mon grand, prends donc une gorgée ; ainsi commence l’histoire de notre “Delving and Ascension”, ainsi commence l’histoire de comment nous nous joignîmes au Royaume de Sigurd.”

Il y a de çà des décennies, au temps du “First Breaking”, il existait un village de mineurs appelé “Sindri”, niché au coeur des froides montagnes, c’était une petite bourgade qui avait connu de meilleurs jours. Les hommes et les femmes qui vivaient là étaient taciturnes, bien résolus à faire face à la mauvaise fortune et à rendre à leur village délabré sa gloire d’antan.

Le contremaître de la mine faisait office de dirigeant parmi les villageois, un homme du nom de “Durnir” qui avait la tête sur les épaules. Pour autant, il n’était pas leur meilleur expert quand il s’agissait de la mine. Non, cet honneur revenait au “Vieux Motty”, un vieillard excentrique qui avait coutume de se munir d’une large tasse de la bière chaude du village avant de descendre explorer les coins et recoins les plus reculés de la mine. Selon la croyance populaire, Vieux Motty ne s’était jamais perdu, pas même une fois, en dépit des nombreuses cavernes au parcours alambiqué et des tunnels tous plus tortueux les uns que les autres.

Tous deux aimaient la mine sans réserve, et pourtant ils n’arrivaient que rarement à se mettre d’accord. Durnir était le partisan d’une solide organisation de nature à optimiser le rendement du minerai qu’ils extrayaient. Il cherchait à maintenir un haut niveau de concentration parmi les mineurs, abattant une tâche après l’autre, construisant le village doucement mais sûrement.

Vieux Motty, lui, cherchait constamment quelque chose, souvent seul, mais à l’occasion accompagné de bonnes âmes mues par la soif d’apprendre quelques-unes des ficelles du vénérable expert. Le vieux mineur mettait un point d’honneur à continuer d’exploiter les principaux filons de la mine mais il était toujours en quête du prochain gisement miraculeux, un filon de minerai pur, la mythique veine mère. Il s’était toujours figuré que s’il pouvait mettre le grappin sur des gisements de meilleure qualité, le village retrouverait rapidement de sa superbe.

Bien que les tempêtes n’abattissent sur les villageois quantité de pluie, de vent et de magie, Durnir les aidait à rester organisés, aussi s’enfoncèrent-ils, équipe par équipe, dans la mine labyrinthique, bravant des dangers qui auraient stoppé net les mineurs d’un autre village. Cependant leur détermination finit par leur coûter cher.

Un jour, aussi sombre qu’un crépuscule, une terrible tempête du voile foudroyait rageusement la terre, elle lacéra les sols qui finirent par se fissurer sous ses assauts. Un pan entier de la montagne tremblait comme terrorisé par la tempête et menaçait de céder d’un instant à l’autre.

Blême d’inquiétude, Durnir réunit une équipe pour partir à la recherche des mineurs en poste avant que ces derniers ne soient piégés par l’éboulement. Alors que les volontaires se massaient autour de lui le visage plein de bravoure, Durnir réalisa qu’il s’agissait principalement des épouses, des maris et des enfants, trempés jusqu’aux os, des mineurs en danger. Il fit son possible pour les dissuader mais sans résultat ; ainsi étaient les habitants de Sindri : résolument braves et implacables.

Quoi qu’il en soit, au moment précis où il passait l’embouchure de la grotte à la tête de l’équipe de sauveteurs, la terre fut secouée par la puissance de la tempête, qui avait tout à présent d’une authentique et terrifiante “Malevolence”. Une clameur stridente retentit derrière lui dans le village et il en attribua la cause aux rafales de vent. Apaisant les esprits autour de lui, Durnir s’autorisa un coup d’oeil en arrière.

Ce n’était pas le vent… Alors que la Malevolence foudroyait le village de magie, les gens changeaient. A travers l’opaque rideau de pluie, les mineurs pouvaient discerner les gens de Sindri qui s’arc-boutaient, leurs visages et leurs silhouettes horriblement distordus.

Derrière lui, Vieux Motty émergeait de la caverne, pétrifié par l’horreur. La clameur s’amplifiait, portée par le vent, et l’équipe de sauveteurs regardait bouche bée, des larmes plein les yeux, la terrifiante magie qui envahissait inexorablement les rues de Sindri en contrebas. Durnir, tendit le bras pour barrer la route au Vieux Motty qui s’était élancé pour dévaler la pente à toutes jambes en direction du village.

“Tu ne peux pas retourner là-bas !” hurla le plus jeune à son aîné couvrant le brouhaha de la tempête, alors qu’il était lui-même sur point de perdre espoir. “Ce ne sont plus que des monstres !”

A ce moment-là, un vacarme assourdissant leur fit relever les yeux. Un morceau colossal de la montagne venait de se séparer du reste et labourait la pente à leur aplomb. On entendait plus que le fracas infernal de la roche raclant la roche alors que l’énorme bloc de pierre dévalait la pente en direction de l’entrée de la mine.

Alors que l’équipée de sauveteurs se précipitait dans la mine pour échapper au glissement de terrain, Vieux Motty hurlait sa peine en direction de sa famille et de ses proches, bien qu’il eût été impossible pour eux de l’entendre dans ces conditions, même à considérer que la “Malevolence” n’eût déjà eu raison de leur humanité. In extremis, Durnir se jeta dehors et précipita le vieil homme à l’intérieur de la grotte juste à temps pour le sauver de l’éboulement mortel. Des hurlements déchirants et des lamentations à glacer le sang furent les dernières choses que les mineurs entendirent de Sindri avant que l’entrée de la grotte ne soit condamnée par des tonnes de roche, de gravats et de boue.

Dans le lourd silence de l’obscurité, seul subsistait le murmure de leurs sanglots.

Les mineurs s’aplatirent dans l’obscurité, protégeant leur tête des éclats, suffoquant au milieu du nuage de poussière humide qui infestait l’entrée de la caverne. Des craquement retentirent dans les murs et des morceaux du plafond s’écrasèrent çà et là au milieu des réfugiés. Alors que l’eau se frayait un chemin au travers des parois et commençait à inonder le sol, de nombreux cris se firent entendre. La peur s’empara d’eux ; ils étaient au bord de la panique complète. Durnir lui-même semblait perdre le contrôle de la situation.

Vieux Motty se racla la gorge. Sa voix retentit au-dessus des échos de ses comparses dans l’obscurité et ils reprirent confiance au ton rassurant de ses paroles : “Tout ira bien, calmez-vous. Je vais vous guider.“ Allumant la chandelle sur son front, le vieux mineur se fraya un chemin au travers de la troupe avec le manche de sa pioche. La lueur vacillante de la chandelle éclairait furtivement les visages et les yeux apeurés des villageois qui s’écartaient de son chemin maladroitement, le regard rivé sur lui, stupéfaits.

Vieux Motty mena la troupe, au bas de l’un des puits, au cœur d’une partie sombre de la mine qui était peu souvent empruntée. A cet endroit, à la lueur de la chandelle, il leur dévoila là où il y a bien longtemps, il avait découvert un passage vers une autre section du complexe de tunnels. “Ici, nous allons pouvoir trouver de quoi faire notre trou, si vous me permettez le jeu de mots, jusqu’à ce que les choses se tassent, si ça vous va ?”

Quelques-uns risquèrent un ricanement alors que la tension chutait. D’autres éclatèrent en sanglots, pleurant ce qu’ils avaient perdu et encore choqués par les terribles mutations dont ils avaient été témoins chez les infortunés qui étaient restés au village. Quelques réfugiés ne purent s’empêcher de remarquer que le Vieux Motty n’avait pas prononcé les mots “sortie” ou “retour à la surface”. Même en cet instant, secoué par le chagrin et le stress, le Vieux Motty se sentait aussi bien dans la mine que d’autres l’avaient été dans leurs maisons. De son coté, Durnir alluma une torche à l’aide de la chandelle et s’en alla fermer la marche.

Alors que la tempête faisait rage au-dehors, et que l’entrée de la caverne semblait écrasée sous le poids de la montagne tout entière, la troupe emboîtât le pas du vieux mineur illuminé, errant dans le réseau de tunnels en quête d’un abri. Un craquement retentit au loin derrière eux et l’entrée de la caverne fut inondée de boue dégoulinante. Ils passèrent à côté de quelques puits d’aération donnant sur l’extérieur, d’où provenaient des rugissements et des hurlements inhumains qui résonnaient ensuite dans les tunnels.

Se sentant pris au piège, l’un des plus jeunes ne put garder le silence plus longtemps : “Qu’adviendra-t-il de nos foyers ? De ma mère, de mes amis, de mon oncle qui sont encore là-bas ?”

Durnir répondit gravement : “Sois déjà heureux d’être sain et sauf. Eux ont été transformés par la tempête, mais n’y pense plus pour le moment. La perte que tu exprimes nous la ressentons tous.“

Vieux Motty secoua sa tête tristement. Il n’y avait pas de retour possible. Le hurlement des Abominations qui avaient autrefois été leurs proches semblait les pourchasser au cœur même de ces tunnels tortueux. Il n’y avait rien d’autre à faire que de suivre le Vieux Motty, qui menait la troupe avec une assurance peu commune. Le vieux mineur était la seule source de réconfort en ces lieux sinistres, qui semblaient de plus en plus inquiétants à mesure que l’éclairage faiblissait.

Au plus fort de la tempête, Vieux Motty hésita, incertain pour la première fois depuis leur entrée dans les tunnels. La troupe fut saisie par l’angoisse à l’idée que le Vieux Motty eût pu perdre son chemin. La foudre frappa la montagne avec une telle violence que des fissures apparurent sur les murs lisses. La chandelle du Vieux Motty mourut, ainsi que la torche de Durnir, et tous furent plongés dans l’obscurité la plus complète.

Transis de peur, les réfugiés se blottirent les uns contre les autres. La tempête aurait bientôt raison d’eux s’ils ne parvenaient pas à s’enfoncer plus profondément dans les cavernes. Même dans la mine, ils ne se sentaient pas du tout à l’abri de la “Malevolence”. Ils pouvaient ressentir le tumulte de la terre qui se déchirait, écartelée par le Voile furieux d’avoir été percé. Priant, Vieux Motty cherchait désespérément un moyen de s’en sortir, une chance de salut dans ce lieu obscur.

Progressivement, alors que la magie du Voile affluait au travers de la pierre comme le sang s’écoule dans les veines, et que le sol bourdonnait d’énergie, le Vieux Motty sentit ses yeux le brûler. D’abord, il crut que c’était les larmes d’avoir perdu les siens qui lui montaient aux yeux ; mais alors, dans l’obscurité la plus totale, il commença à y voir. “Comment est-ce possible… mes amis, n’ayez crainte, je distingue à nouveau les verrues de Durnir !”

Durnir, de son côté, souriait avec espièglerie. “Oh, mes yeux me font mal, ce doit être la vue de tes rides, Motsognir.”

D’autres sentirent eux aussi leurs yeux les brûler ; ils virent la lumière au milieu de l’obscurité. Alors que la magie les transformait, ils pouvaient à présent reprendre leur chemin les yeux larmoyant aussi nettement que la roche suintait autour d’eux. Ils commençaient à devenir une partie de la terre, changés en de nouveaux êtres par le flux de magie qui émanait des murs de la mine.

Avec ses nouvelles aptitudes visuelles, Vieux Motty put distinguer qu’une large fissure avait éventré un flanc du tunnel et s’enfonçait vers les profondeurs. Il se releva, s’épousseta et reprit la tête de la troupe, son étrange confiance en lui retrouvée.

“Où allons-nous à la fin ?” demanda sèchement Durnir. D’autres séchèrent leurs larmes encore chaudes, se demandant également s’il était vraiment pire de ramper vers l’extérieur que de s’aventurer encore plus profondément dans la mine.

Vieux Motty haussa les épaules et afficha un sourire narquois. “Pour moi c’est la meilleure chose à faire. Je n’ai pas la prétention de comprendre pourquoi, mes amis, mais j’ai le sentiment que nous sommes destinés à emprunter ce chemin.”

De toute façon, il n’y avait plus rien vers quoi retourner hormis des Abominations et la promesse d’une mort certaine. Alors ils se mirent en marche, abandonnant la “Malevolence” derrière eux.

Chaque tunnel, chaque virage, chaque coude les menait encore et toujours plus profondément dans les entrailles les plus sombres du monde où même les mineurs les plus téméraires n’avaient jamais osé s’aventurer. Les pouvoirs de la tempête continuaient de filtrer au travers des sols autour d’eux et lentement, péniblement, continuaient de les transformer.

A la fin du deuxième jour, ils avaient englouti toutes leurs provisions, marchant toujours plus profond, essayant de ne pas céder à la lancinante sensation de perte, l’obsédant constat que jamais ils ne reverraient ceux qu’ils avaient laissés derrière eux.

Ce fut Vieux Motty qui découvrit de quoi les nourrir, une colonie de champignons dans une des crevasses des profondeurs, très savoureux et en quantité suffisante pour tous. Alors que la pluie s’infiltrait même ici, ils cueillirent cette nourriture suave. Espérant simplement survivre intégrés à la terre, ils mangeaient ce que la terre leur offrait, et s’enfoncaient toujours plus profondément dans les tunnels, si bien qu’à force, nul ne fut plus capable de se souvenir du chemin emprunté.

Ayant perdu la notion du temps et des distances depuis longtemps, les rescapés de Sindri durent marquer une pause en arrivant à un endroit où les tunnels rétrécissaient, et même Vieux Motty hésita un instant.

Durnir prit la parole : “On devrait s’arrêter là, Motsognir. Nous pourrions revenir à ces champignons et nous en nourrir un moment, ou …”

Vieux Motty l’interrompit sèchement : “Foutaises ! À quoi bon se prétendre mineur, servez-vous de vos satanés outils, et mettez-vous au boulot ! À moins que vous ne préfériez rebrousser chemin, même pourquoi pas jusqu’à l’entrée tant que vous y êtes, pour y retrouver les monstres et les tempêtes de la surface.”

Les paroles firent place au tintement des pioches et au raclement des pelles résonnant en rythme dans les antiques cavernes, rebondissant sur les parois de pierre jusqu’à ne plus former qu’un vacarme assourdissant. A force de labeur, ils débouchèrent en contrebas sur un vaste ensemble de cavernes bien loin de la surface du monde. Là, dans l’obscurité chaleureuse, se tenait une grotte voûtée semblable à une tombe destinée aux dieux. Le plafond était tapissé de cristaux scintillants, telles d’improbables étoiles sur la voûte céleste des ultimes profondeurs du monde.

Quelque chose d’inexplicable dans le grand hall procurait une sensation de sécurité aux rescapés de Sindri. La peine et le deuil, après avoir été confinés si longtemps dans leurs coeurs par les rigueurs du voyage, s’épanchèrent. Beaucoup s’effondrèrent et fondirent en larmes, incapables de contenir leur chagrin plus longtemps. Ils avaient tant perdu et de manière si soudaine. L’horreur de la “Malevolence” avait corrompu tout ce qui avait fait de Sindri leur demeure et enseveli le reste.

Vieux Motty rouspéta : “Allons, un peu de cran. Voyons où mènent ces tunnels. Il y a tant à découvrir. Peut-être trouverons-nous un endroit encore plus accueillant…” Puis il se tut, car personne ne l’écoutait.

Durnir se ressaisit et se tint devant eux les mains levées. Les lamentations s’estompèrent. “Nous avons tant perdu et jamais nous ne pourrons retourner à nos foyers car les tempêtes et la magie ont tout emporté et changé nos familles et nos amis en… quelque chose d’autre. Mais voyez…” – il pointa le plafond et ses formations cristallines du doigt – “Ici le ciel est constant. Aucune tempête ne peut nous atteindre pour causer la destruction. C’est un endroit où nous pouvons nous permettre : non pas d’oublier le passé — non jamais nous n’oublierons — mais peut-être de survivre.”

Vieux Motty lui continua d’insister qu’il fallait continuer plus loin, mais les rescapés de Sindri s’y opposèrent. Ils baptisèrent cette chambre les “Dark Fields” et s’y installèrent pour de bon.

Ils n’oublièrent jamais Sindri, leur patrie d’origine, et le sentiment de perte ne les quitta jamais, saignant comme une vielle blessure qui ne peut se refermer. D’un autre côté, Durnir fit remarquer qu’il y avait du pain sur la planche, tellement de choses à organiser : les cavernes devaient être agrandies, les tunnels cartographiés, les champignonnières développées. Quelques courageux commencèrent même à expérimenter de nouvelles recettes pour brasser leur chère et nourrissante bière.

Loin sous la surface, ils firent la découverte d’une flore et d’une faune magique et mystérieuse, des espèces inconnues, étranges et merveilleuses. Beaucoup d’entre elles furent apprivoisées ou élevées par les réfugiés de Sindri. Vieux Motty plaisantait volontiers en surnommant les plus rondelettes “Broute-fonds”.

Ils conçurent de splendides maisons ouvragées dans la roche, et formèrent leurs propres tribus et même leurs propres royaumes souterrains. Avec le temps, ceci devint ce qu’ils appelèrent le Monde Intérieur, en contradiction avec le Monde Extérieur qui est le terme utilisé pour la surface battue par les tempêtes.

Vieux Motty répétait inlassablement qu’il leur restait beaucoup à explorer, mais ils étaient tous bien trop occupés à survivre pour en faire cas. Au début, il se disputait avec Durnir, mais avec le temps, Vieux Motty se retira de plus en plus souvent et de plus en plus loin dans les galeries les plus profondes, Durnir lui devint le roi des “Dark Fields”, la capitale du Monde Intérieur.

Les descendants de Sindri façonnèrent le Monde Intérieur à leur image, alors que leurs corps se transformaient eux pour s’accorder à leur environnement. Ils attribuèrent des noms aux autres halls qu’ils avaient creusés, et ces derniers devinrent progressivement des royaumes partiellement indépendants appelés “Nodes”. A la tête de chaque “Node” gouvernait l’un des mineurs rescapés de Sindri, et ces derniers étaient désignés par le terme “Ascended”. Ils étaient ceux qui se souvenaient du Monde Extérieur, et racontaient génération après génération, l’histoire des torrents de destruction à la surface.

Tout allait pour le mieux dans leur merveilleux et mystérieux Monde Intérieur. Les Dvergars, comme ils avaient commencé à se nommer eux-même, devinrent de plus en plus indifférents à l’égard de la surface et de ce qui pouvait s’y passer et leurs enfants ne savaient plus des nuages que ce que l’on en disait dans les contes.

Ils étaient satisfaits. Jusqu’à ce qu’un jour, naisse celle que l’on nomme Thyra.

La suite dans la deuxième partie

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